Rendez-vous le plus prestigieux du circuit mondial d’épée, le Challenge Monal se dispute du 15 au 17 avril, à la salle Pierre-de-Coubertin, à Paris. Privés de leur événement et de leur public les deux dernières années en raison de la crise sanitaire, les tireurs français, emmenés par le champion olympique et numéro 1 mondial Romain Cannone, affichent de grandes ambitions.
13 avril 2022 par ffescrime | Publié dans Compétitions
C’est un rendez-vous à part dans le calendrier. Un rendez-vous que tous les meilleurs épéistes au monde rêvent de remporter un jour. Créé en 1938, le Challenge Monal a depuis couronné tous les plus grands. Une simple lecture du palmarès suffit à prendre la dimension de l’événement. Des champions olympiques, des champions du monde, d’Europe… toute l’histoire de l’épée mondiale a défilé au fil des décennies. Des étrangers comme l’Italien Edoardo Mangiarotti dans les années 50, le Hongrois Gyözō Kulcsár un peu plus tard (1966, 1967), l’Allemand Alexander Pusch (1977, 1985, 1987), l’Italien Angelo Mazzoni (1982, 1995) ou encore, plus près de nous, le Russe Pavel Kolobkov (1992, 2000, 2001), et tant d’autres tireurs qui ont marqué l’histoire de leur sport. Évidemment de nombreux Français se sont également illustrés. Parmi les plus illustres, Michel Pécheux, premier vainqueur en 1938, Philippe Boisse (1984, 1986), Eric Srecki (1989, 1991, 1993) et, dernier en date, Gauthier Grumier, vainqueur en 2016 pour la seconde fois après un premier succès en 2009.
« Le Challenge Monal est vraiment à part, insiste Yannick Borel, actuellement n°10 mondial. Pour les Français bien sûr mais aussi pour tous les étrangers qui savent qu’ils auront un public de connaisseurs qui n’hésitera pas à les applaudir. Nous sommes tous très heureux de retrouver cette épreuve et avons tous à cœur de bien faire devant ce public. Très objectivement, le Challenge Monal est très spécial et dégage quelque chose qu’on ne retrouve que dans des grands championnats. Je ne suis pas passé loin de la victoire en 2017 (battu en finale par l’Italien Marco Fichera, 15-12) et j’aimerais vraiment m’imposer ici au moins une fois. »
À la tête de l’équipe de France d’épée depuis la fin des Jeux de Tokyo, Hugues Obry insiste : « Le Monal est un week-end que l’on coche dans le calendrier. Il n’y a jamais un mec sorti de nulle part qui s’impose. Tous les tireurs étrangers insistent auprès de leur fédération pour venir à Paris. Et puis en matière d’organisation, Coubertin est la salle idéale pour l’escrime. Quand on gagne le Monal, on marque un peu l’histoire de notre sport. Il y a même une grande affiche dans la salle avec la photo des dix derniers vainqueurs. Mon adjoint Gauthier Grumier va par exemple coacher en ayant sa photo en poster dans la salle ! »
Au-delà du prestige d’un succès parisien, le Challenge Monal, avec son tournoi individuel les 15 et 16 avril et l’épreuve par équipes, le dimanche 17 avril, se présente également comme une importante échéance sportive. Le rendez-vous parisien constituera en effet la quatrième des six épreuves sélectives en vue des Championnats d’Europe à Antalya (Turquie, 17-22 juin) et des Championnats du monde au Caire (Égypte, 15-24 juillet).
Vainqueur du Grand Prix de Doha, première « sélective » de la saison, fin janvier, Yannick Borel est en position idéale en vue des deux grandes échéances estivales « Gagner une sélective est souvent synonyme de sélection, explique le champion olympique par équipes en 2016 à Rio, champion du monde 2018 ou encore triple champion d’Europe individuel. Il faut quand même rester vigilant. En épée, il y a toujours des surprises et tout est possible. De toute façon, dans mon approche de la compétition, je n’ai pas ça en tête. Je suis un compétiteur et mon objectif est avant tout de gagner ce tournoi. Le reste, ce n’est qu’une conséquence des résultats. »
Champion olympique l’été dernier à Tokyo et actuel numéro 1 mondial, Romain Cannone, finaliste début février à Sotchi, en rêve aussi. « Le Monal, c’est un rêve de gosse, confie-t-il. Je me souviens quand j’étais junior à Reims et que je venais voir le tournoi en rêvant d’y participer un jour. Ce fut aussi ma première Coupe du monde en seniors avec le stress d’être dans la cour des grands. C’est aussi au Monal que j’ai obtenu ma première médaille en Coupe du monde par équipes. J’aimerais maintenant que ce soit ma première victoire individuelle en Coupe du monde. Gagner à Paris ce n’est pas comme gagner à Heidenheim ou dans une ville que les gens ne savent même pas situer. » Avec désormais le statu de numéro 1 mondial en plus du titre olympique, le tireur se sait attendu. « Être n°1 mondial c’est bien, explique-t-il. Dans tous les cas, j’aurais été champion olympique et n°1 mondial. C’est acquis pour le reste de ma vie ! Mais le plus dur maintenant, c’est de me maintenir à ce rang. » Un succès à Paris y contribuerait forcément. « Beaucoup de mes amis seront là, poursuit-il. Je vais forcément avoir davantage de sollicitations. Ma saison est un peu en montagne russe pour le moment avec la gestion de projets dont je ne l’ai pas encore trop l’habitude. Avoir sa photo sur l’affiche d’un tel événement, ça fait aussi quelque chose. La somme de tout ça va générer un supplément de pression. Une médaille serait d’autant plus précieuse et je la savourerais encore plus. J’ai faim et toujours envie ! »
En retrait début mars lors du Grand Prix de Budapest avec un seul qualifié en quart de finale (Alexandre Bardenet), les Tricolores, privés de Mathias Biabiany (genou) et Daniel Jérent, vainqueur en 2013 (fracture de fatigue à un pied), auront à cœur de se repositionner dans les derniers tours du tableau. « A Budapest, on n’a pas été bons, constate Obry. C’était la première compétition sans les Russes et les Ukrainiens et on a peut-être pensé que ça allait être facile. On a pris une bonne claque mais ça peut aussi nous faire du bien. »
Ils trouveront face à eux, une adversité de taille avec parmi les tireurs annoncés du côté de la porte de Saint-Cloud, le Hongrois Gergely Siklosi (n°3 mondial), champion du monde en titre et vice-champion olympique, l’éternel Ukrainien Igor Reizlin (n°5 mondial), 38 ans et encore médaillé de bronze à Tokyo, le Japonais, Masaru Yamada (n°6 mondial), champion olympique par équipe ou encore le Sud-coréen Sangyoung Park (n°7 mondial), champion olympique à Rio et vainqueur de la dernière édition du Monal, en 2019.
Par équipe, la France ne s’est plus imposée depuis 2015. Battue en finale par la Suisse lors de la dernière édition en 2019, les Bleus affichent là aussi leurs ambitions. « Pour l’instant, le début de saison n’a pas été génial, analyse l’entraîneur. On essaie de régler quelques trucs dans la gestion de l’équipe pour que chacun ait un rôle bien défini. Ça prend du temps mais les forces individuelles sont là et on espère qu’une compétition à la maison va en réveiller certains et même en révéler d’autres. »
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