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« L’escrime a une richesse sur le transfert thérapeutique »

A l’occasion de la conférence « Escrime, est-ce un crime ? Réparer les traumatismes sexuels » organisée à la Cité des sciences et de l’industrie, entretien avec Violaine Guérin, fondatrice de l’association Stop Violences Sexuelles.  

A l’occasion de la conférence « Escrime, est-ce un crime ? Réparer les traumatismes sexuels » organisée à la Cité des sciences et de l’industrie, entretien avec Violaine Guérin, fondatrice de l’association Stop Violences Sexuelles.  

Pouvez-vous nous présenter l’association SVS et les ateliers thérapeutiques par l’escrime ? 
Violaine Guérin : L’association Stop Violences Sexuelles est une association créée en 2013 par trois médecins et de nombreux professionnels du corps médical dont Boris Sanson. Cette association porte une stratégie de santé publique qui vise à éradiquer les violences sexuelles. Dans le cadre de cette éradication, il y a eu des parcours de soins percutants à mettre en place, à la fois pour les victimes mais aussi pour les auteurs de violences sexuelles. C’est ainsi que nous avons mis au point un protocole de soins centré sur l’escrime qui n’est pas utilisée ici dans sa dimension sportive, mais surtout pour faire des transferts thérapeutiques.

Quelle est la particularité de l’escrime, par rapport à un autre sport, pour contribuer à réparer tous ces traumatismes ?
VG :
 C’est une question que l’on me pose souvent. Nous avons effectivement évalué tous les sports. La particularité de l’escrime, c’est d’avoir une richesse sur le transfert thérapeutique, sur ce que l’on peut faire. Un point fondamental, c’est l’art de la bonne distance. En matière de violences sexuelles, c’est très important. Sur les ateliers, nous travaillons avec le sabre qui est l’arme la plus rapide et la plus instinctive, ce qui permet aux patients de faire un grand travail avec le corps. C’est important puisque les personnes victimes de violences sexuelles ont souvent fait des parcours de soins avec des thérapeutes et autres mais on oublie souvent que le corps est fondamental dans la réparation. On travaille avec dix thèmes et chaque thème est décliné avec des exercices spécifiques. Le premier thème, ce sont les limites. Le deuxième, ce sont les bases et tout de suite avec les bases, nous allons résonner en fondamentaux. Après, nous allons travailler la protection. Chaque thème a beaucoup d’outils qui peuvent être créés avec l’escrime. Le sens du travail va aussi être de faire émerger des émotions pendant toute les séquences de préparation physique et d’escrime. Par exemple, mettre un masque peut être ressenti par quelqu’un comme une protection alors que pour une autre personne, cela peut faire émerger des émotions consécutives à un traumatisme facial. Quand nous avons créé ces ateliers, nous n’avions pas envisagé totalement la richesse que cela offrait, notamment dans les termes employés. Par exemple, quand l’élève dit « Bonjour Maître », en matière de violences sexuelles, cela peut faire résoner des choses. Tout résonne donc dans les cinq sens. C’est une patiente qui, lors du premier atelier, a fait le rapprochement entre escrime et est-ce-crime. Or, le viol c’est vraiment un crime. La puissance de l’escrime est quelque chose d’extraordinaire. 

Depuis 2013, combien de personnes ont participé aux ateliers ?
VG :
 Fin 2019, plus de 500 personnes victimes de violences sexuelles avaient participé aux ateliers. De nouveaux cycles sont en train de se mettre en place dans de nouvelles villes. Pour les auteurs de violences sexuelles, nous comptons 70 à 80 participants. 

Rapporté aux chiffres d’une femme sur quatre concernée par les violences sexuelles, c’est finalement une goutte d’eau…
VG :
 C’est une goutte d’eau, c’est sûr, mais il y a énormément de personnes qui aimeraient avoir accès à ces ateliers. C’est quelque chose de très technique à mettre en place. Ce sont des équipes multidisciplinaires, puisque nous avons un maître d’armes – qui est au centre du projet – mais également un médecin, un thérapeute, un kinésithérapeute-ostéopathe, un coordinateur logistique. L’enjeu pour la fédération, c’est aussi de mobiliser des maîtres d’armes. Ceux qui sont avec nous sont formidables mais il faut continuer de former des équipes et des maîtres d’armes qui soient dans cette dynamique du soin. C’est fondamental puisque nous les obligeons à travailler dans un autre registre. Sur tous les maîtres d’armes formés depuis le lancement, il n’y en a qu’un qui n’a pas souhaité continuer. Sinon, tous ont trouvé formidable ce programme et je crois qu’ils sont très contents d’y contribuer.

Aujourd’hui, les personnes qui voudraient soutenir l’association et les ateliers, comment peuvent-elles le faire concrètement ?
VG :
 Pour soutenir l’association au niveau du financement, des dons peuvent être fait. C’est comme ça que les ateliers vivent aujourd’hui. Si des grands mécènes souhaitent nous suivre, comme a pu le faire la Fondation SNCF, évidemment nous sommes preneurs. Ces ateliers ne demandent qu’à grandir. Quand un club décide de se lancer sur ce projet, il faut souvent acheter du matériel supplémentaire, au delà du matériel d’escrime : la table de kiné, les swissball, tout le matériel d’animation des ateliers et tout cela a un coût. Je pense qu’il faut aider les clubs qui souhaitent s’engager. La fédération et l’association SVS participent notamment en formant gratuitement les maîtres d’armes et les différents intervenants pendant plusieurs jours.

Conférence « Escrime, est-ce un crime ? Réparer les traumatismes sexuels », organisée à la Cité des Sciences et de l’Industrie, en partenariat avec le Fondaction L’Équipe :